Histoire
Cher Journal,
J'ai aujourd'hui treize ans et tu es mon cadeau d'anniversaire. Tu es même mon cadeau favori, car je vais pouvoir enfin clamer mon dégoût dans tes belles pages qui n'attendent que d'être salies.
Je me déteste. Ou alors je déteste le monde, je ne sais pas très bien. Non en fait... Je déteste être une sang mêlé ! Je n'aime que la forêt, MA forêt natale. Je déteste la cité où nous sommes venus vivre et je déteste les autres enfants !
Les enfants Elfes me trouvent petite et vieille, tandis que les petits Humains, ces bébés, semblent toujours soit me craindre, soit me trouver fascinante comme un monstre de foire ! Leur compagnie m'ennuie mais je me sens si bête à coté des Elfes... Je me sens toujours en décalage, trop prétentieuse ou bien gauche, trop raffinée ou trop rustre... Si tu savais cher Journal comme il est pesant de ne se sentir à sa place nulle part. Je n'ai pas vraiment d'ami. Ceux qui essaient de se rapprocher de moi le font seulement à cause de mon père... Ou à cause de Gwaith... C'est mon griffon de compagnie. Lui, je l'aime beaucoup. Mais évidemment tout le monde en est jaloux. Il ne se passe pas un jour sans qu'on me fasse remarquer que je ne suis qu'une petite chanceuse pourrie gâtée par son père.
Moi, j'aimerai seulement pouvoir être moi-même. J'aimerai être acceptée pour qui je suis et non pour mon sang elfe, mon sang humain, mes oreilles, ma taille, mon soit disant beau visage, mon père riche-puissant-et-célèbre, mon confort, mon animal de compagnie... Peut-être pourrais-je être moi-même avec toi, cher Journal ?
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Cher Journal,
Mon père exige de moi que je devienne une aussi grande magicienne que lui. Rends toi compte, je suis déjà inscrite dans la plus grande école de magie de la ville ! Je suis consternée.
Pas que la magie soit une voie qui me déplaise. (A vrai dire j'ignore si cela me plait ou non.) J'aimerai juste pouvoir prendre moi-même la décision. Ne suis-je pas la principale concernée ? Père ne songe qu'à la renommée de son nom... Je sais qu'il m'aime mais... il ne m'écoute jamais et se fiche comme d'une guigne de mes envies. J'aimerai tant, parfois, m'enfuir et aller vivre dans la forêt avec mes oncles ! J'aimerai changer de nom, me débarrasser ce satané poids Laurëlalf ! J'aimerai pouvoir me conduire mal et choisir toute seule ce que je veux devenir ! ... Mais je n'ose pas le décevoir, alors je reste une petite fille modèle. Je supporte les quolibets et reproches déguisés des envieux sur ma condition de Demi... et j'irai étudier la magie...
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Cher Journal,
Je suis en train de noircir ton ultime page. L'année écoulée a été plus douce grâce à ta présence réconfortante. Toute la journée, je tenais bon, je tenais mon rôle de digne et sage fille du Graaaand Nenaran Laurëlalf... (quel ennui...) grâce à la pensée que je pourrais évacuer toute ma colère, toute ma tristesse, tout mon sentiment d'injustice et toute ma frustration dans tes pages. Je suis une bonne fille seulement grâce à toi. Le sait-il ? S'en doute t-il ? Est ce pour cela qu'il t'a offert à moi ? Dans tous les cas, je lui en veux quand même. Je vais me procurer d'autres carnets, plein, afin de pouvoir continuer à écrire tous les soirs. Il en va de ma santé mentale. Premier Carnet chéri, tu conserveras toujours une place spéciale dans mon cœur où coule le sang si froid des Elfes et le sang si faible des Hommes...
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Cher Journal,
Je vois de moins en moins Père... il est si occupé, et si souvent en déplacement... Oserais-je avouer que malgré tous nos différents, il me manque ? Maman souffre bien plus que moi, je le vois. J'ai grandi depuis la première fois que je t'ai ouvert, et je suis plus forte. Ou plus résignée, à voir... La jalousie et le mépris ne m'atteignent plus tant que cela, et je me suis habituée à la solitude. J'y prend même goût. Tant que je peux passer quelques moments seules à seule avec Maman, avec mon vieux Gwaith et que je peux aller visiter mes oncles une fois dans l'année... ça ira.
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Cher Journal,
Ça y est. Le grand jour est arrivé, ou presque. Demain, je dois rentrer à l'école de magie. Je devrai y vivre, comme tous les autres apprentis - mais je suis loin d'être dupe, je suis "la fille de" et personne ne me foutra jamais la paix avec ça ! Au moins, quand j'aurai appris des sorts, je pourrais fermer le clapet des insolents ! Enfin, en attendant de devenir une graaaande magicienne comme Père... j'ai plutôt peur. En fait, j'ai carrément la trouille !
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Cher Journal,
Finalement, j'aime plutôt bien la magie !
Les professeurs sont tous si intéressants ! Je crois qu'enfin je ne m'ennuie plus (même si un cours qui dure trop longtemps finit invariablement par me lasser), j'adore apprendre sans cesse et découvrir ces arcanes fabuleux.
Bien sûr, ce n'est pas évident tous les jours. J'ai l'impression qu'on m'en demande davantage qu'aux autres. Pourtant je ne suis pas la première de la classe. Cette époque est révolue... La magie est bien plus difficile à apprendre qu'une simple leçon de langue, d'histoire, de dessin, de calcul ou de musique... Mais le défi me plait assez.***
Cher Journal,
J'ai trouvé un moyen de faire l'école buissonnière ! Tu sais, l'excitation des débuts est un peu retombée, et même si la magie me plait, j'ai l'impression que quelque chose ne va pas. Je me sens frustrée. La frustration est l'histoire de ma vie... Mais là, c'est encore pire, je ne sais pas ce qui me gêne à ce point ! Peut-être que je ne suis tout simplement pas dans la bonne école de magie. Bref, je sèche parfois les cours. La première fois, j'ai eu si peur de la punition... mais en fin de compte, ce n'est pas si terrible. Et la sensation de triomphe et de liberté que je ressens lorsque je m'échappe est tellement plus importante et délicieuse ! M'enfuir. Enfin, à mon âge, j'ai osé. J'en rêve depuis ma plus tendre enfance ! Je l'ai fait ! Bon, certes, ça ne dure jamais plus d'une journée. Mais j'aime ça. Plus que de raison. Ça fait battre mon cœur, ça me fait rire aux éclats, ça me donne l'esprit si léger !
En fait, je crois que je viens de trouver ma vocation. M'enfuir. La jeune demi elfe referma son journal alors que l’aube pointait dans le ciel céruléen. Le meilleur moment pour la récolte des plantes, alors que, gorgées de rosée, elles se déployaient de toute leur envergure, fermes et odorantes. Sintara n’avait pas fermé l’oeil de la nuit, trop occupée qu’elle était à étudier un grimoire de magie et griffonner dans son carnet. Elle s’étira de tout son long, bailla largement, se passa les mains dans sa dense chevelure et leva son corps tout ankylosé de la nuit passé sur le chaise de bois. Saisissant cape, besace et fin couteau, elle quitta aussitôt sa chambre pour dévaler silencieusement les escaliers. Elle ne s’arrêta pas aux cuisines, boudant les premières odeurs de pain chaud qui s’en élevaient, pour ne s’abreuver que brièvement dans une fontaine et s’asperger le visage. A jeun, seule ainsi que l’esprit débarrassé des tracas quotidien par un léger voile de fatigue, voilà la combinaison idéale pour s’exercer à lancer des sorts et récolter des herbes idéales pour concocter toutes sortes de choses utiles : peinture pour la peau, remèdes et poisons, aromates pour la cuisine… Ses pensées uniquement tournées vers ses formules et l'entraînement qu’elle allait s’imposer dans l’heure, l’apprentie magicienne s’éclipsa de la prestigieuse faculté sans que quiconque n’y prenne garde. Son absence aux cours, en revanche, serait remarqué, mais sa mauvaise conduite n’étonnait plus personne.
La matinée de Sintara se déroula comme prévue… jusqu’à un certain point.
Elle s’entraina à lancer de menu sorts, récita plusieurs fois ses leçons et formules, remplit sa besace, déambula parmi les arbres, se chargeant de leur sagesse et de leur énergie, déambula et déambula un peu trop… jusqu’à s’enfoncer trop profondément dans la forêt. Elle ne s’y perdit pas pour autant, car elle connaissait bien les lieux et le sang elfique que charriait ses veines lui octroyait le don inné de se repérer dans la nature même la plus luxuriante. Elle ne s’inquiéta donc pas outre mesure lorsqu’elle s’aperçut s’être bien éloignée de ses sentiers habituels. La fraicheur de la voûte de verdure combinée à l’épuisement qui commençait à peser sur son corps la fit frissonner. L’esprit ailleurs, la faim au ventre, elle allongea le pas. Imprudente, Sintara se hâtait, pressée de regagner l’école. Muselant sa curiosité habituelle, elle ne prêta guère attention aux crissements et bruissements non loin. Après tout, la forêt grouillait de vie, d’animaux, elle ne pouvait pas s’arrêter à chaque fois pour observer les belles créatures. De sa démarche leste et discrète, elle poursuivit son chemin, Insouciante. Désinvolte. L’idée d’un bon repas et d’une sieste prenait le pas sur le mugissement qui parvint à ses oreilles. Son cerveau embué de formules ne traita pas l’information. Ses yeux n’eurent pas le choix, eux, lorsque, soudain, il fut devant elle. Férale apparition de poils et de muscles, de dents et de crocs, l’ours se dressait devant elle. Elle eut un cri. Et là sa cervelle se remit en marche. Elle se trouvait sur le territoire de ce prédateur. Elle avait surpris l’animal craintif et solitaire. Il allait se défendre.
Sintara hurla de toutes ses forces, leva et agita les bras en tout sens, tentant de se faire plus grande et d’impressionner l’animal. En vain. L’animal avait bien plus peur qu’elle. Il se dressa lui aussi sur ses pattes postérieures, grondant et tonnant. La jeune demi elfe eut le temps de penser qu’il était bien dommage qu’elle n’ait pas choisi de devenir druide ou d’au moins apprendre un sort de pacte avant que la large patte griffue ne s’abatte sur son cou délicat. Un craquement sourd résonna. Le corps de Sintara s’écroula mollement, sa jolie tête tordue sur un axe anormal.
L’histoire aurait pu s’arrêter là. Sur ce bête accident et cette nuque brisée.
Si ce n’était… la présence d’un grand mage à cet instant précis. Heureux hasard, coup du destin ou bien évènement prémédité, qui sait ? En tout cas, un homme se trouvait là. Et il utilisait de la magie. Il s’approcha du corps sans vie de la demi elfe sans lui accorder un regard, tenant l’ursidé sous sa coupe magique. Désorienté, le plantigrade piétinait, couinait et reniflait, lui, l’étendue de son acte.
Pour lui, un humain égalait n’importe quel autre humain. Il méconnaissait ces frêles créatures, mais s’en méfiait instinctivement. Elles n’étaient pas bonnes à manger, mais celle ci l’avait surpris, déclenchant le réflexe d’attaque. L’ours gémit, secoua la tête. son corps ploya comme s’il était sous le coup d’un poids énorme et invisible. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait.
Fuir. Ses pattes ne répondait plus.
Attaquer à nouveau. Attaquer l’humain restant. Vaincu par une volonté autre que la sienne, l’animal se coucha. Que se passe t-il ? Faible, incongrue, cette pensée fusa dans l’esprit animal.
Peur. Fuir. Peur. Fuir ! Fuir ! ...
Qu’est ce que… L’ours étendu renifla à nouveau le corps et émit un long couinement, sans manifester l’envie de s’enfuir malgré ce que son instinct lui dictait.
Notre mystérieux mage jaugea son oeuvre : l’ours soumit à sa volonté, confus. Le mage guettait très attentivement le moindre signe prouvant la réussite de son sort. De son second sort. Ce qu’il venait de faire était contre nature et il le savait.
Au bout d’un moment, l’ours s’assit et le regarda droit dans les yeux. On aurait juré déchiffrer une expression interrogative sur sa tête. Alors, le puissant mage se décida. L’air se mit à crépiter autour de lui, et sa magie agit à nouveau. Il s’accroupit près de la victime et posa enfin un regard sur elle. D’un geste expert, il remit la fragile articulation en place, d’un coup sec et ferme. L’os se remettant dans sa cavité produisit un bruit affreux, mais il n’y prit pas garde. Il se releva, et, une main dirigée vers l'animal perdu et l’autre vers le cadavre rafistolé, le sort opéra. L’ours hurla, un long cri qui provenait du fond de ses entrailles, un long cri de souffrance pure.
Lorsque Sintara se réveilla, la douleur l’assaillit, l’empêchant de se redresser ou même de tourner la tête. Les premiers sons de sa nouvelle existence furent des hoquets de souffrance et des plaintes mouillées. Une main se posa sur son front. Le contact, loin de l’apaiser, lui fit montrer les crocs. Elle leva faiblement une main et tenta de griffer celui qui venait de la ramener à la vie. Puis, elle sombra à nouveau dans l'inconscience.
Elle rêva. Elle rêva de tanière confortable, du gout du saumon cru dans sa gueule ainsi que du miel dérobé aux abeilles qui tentaient vainement de piquer son museau au travers de la barrière de fourrure. Elle rêva de l'odeur de femelle ourse et de combat contre d'autres mâles qui osaient approcher de son territoire.
Pendant son sommeil agité, l'homme veilla sur elle, lui épongea le front et la fit boire. Il patienta que la fièvre retombe. Aux pieds de la donzelle, l'ours patientait. Il ne réagissait à rien, mais l'homme ne s'en étonnait pas. Après tout, il était mort. Le nécromancien avait pris sa vie pour l'insuffler dans le corps de la jeune femme. Qu'il demeure animé n'était qu'un contre coup de l'autre sort, qu'il avait lancé trop précipitamment. Comme quoi, se mêler des affaires des autres n'amenait jamais rien de bon. Mais trop tard à présent, le mal était fait, et il pressentait qu'il allait devoir en assumer les conséquences à plus long terme qu'une simple veille sur un sommeil...
Enfin, la Demi Elfe s'éveilla, un goût pâteux dans la bouche. Sa première action fut de vomir, puis de se précipiter vers l'ursidé apathique. Elle se serra contre lui, l'air hagard.
- Drôle de façon de se comporter avec ton assassin, lança avec nonchalance le mage.
Sintara le regarda un instant sans comprendre, avant de sursauter et de s'éloigner de l'ours. Elle voulu parler, mais seul un grognement franchit ses lèvres. La lueur inquiète qu'elle aperçut brièvement dans le regard de son vis à vis n'augurait rien de bon... Déterminée, elle se fit tousser, inspira profondément et se concentra, puis elle articula distinctement :
- Qui êtes vous ? Cet ours est-il à vous ?
L'homme eut une moue.
- Je dirai que c'est plutôt le tien, petite. Vous avez partagé quelque chose de précieux, vous êtes liés.
- Comment ça ? Que s'est-il passé ?
- Tu pourrais me remercier, je t'ai seulement sauvé la vie. Et condamner cet ours innocent au passage, mais tu dois savoir, on a rien sans rien hein...
Sintara se frotta la nuque. Des élancements la faisait souffrir, comme si elle venait de se faire un torticolis. Là, le souvenir de la large patte qui s'abattait sur elle lui revint. Elle frissonna, et passa son regard profond de l'animal au mage, du mage à l'animal.
- Vous l'avez neutralisé ? Pour moi ? Pourquoi est-il si calme ? Pourquoi ne suis-je... pas morte ?
Et pourquoi aies-je ce goût de viande et de moisi dans la bouche...L'homme soupira de l'air de celui qui ne supporte pas d'être assommé de question. Il s'approcha d'elle, la faisant déglutir de malaise, et planta ses yeux étranges dans les siens. Elle sentit son souffle contre son visage lorsqu'il lui murmura, à la fois amusé et irrité :
- Tu sais très bien que tu as embrassé la grande faucheuse. Mais comme je m'entend plutôt bien avec elle, je t'ai tirée de ses griffes. J'ai pris ton âme au moment ou tu mourrais, et je l'ai rangée en lieu sûr, dans le premier réceptacle que j'avais à portée...
Il eut un mouvement de tête vers l'ours, alors que l'horreur, la compréhension et la fascination se mêlait dans le cœur de Sintara.
- J'étais... dans cet ours ?!
- C'est ce que je viens de te dire, petite. J'ai agi avec impulsivité, je n'aurai pas dû, mais je sais au moins que mon sort fonctionne... Enfin, comme je ne pouvais décemment pas laisser une abomination mi ourse mi humaine errer dans la nature, j'ai aspiré sa vie pour te l'insuffler, et j'ai remis ton âme à sa place. Enfin, j'espère...
Sintara étouffa un petit cri strident. Comme ça, il espérait ?
L'homme marmonna dans sa barbe quelque chose comme "m'enfin ça à l'air d'aller, elle parle..."
***
Depuis ce jour où elle mourut et où son âme fut temporairement prisonnière du corps d'un ours, Sintara devint obsédée par la mort et la magie associée. Enfin, elle avait mis le doigt sur ce qui la gênait dans la magie qu'elle apprenait du fait de son père : ce n'était pas sa voie. Faisant fi de l’opprobre publique et paternelle, Sintara quitta l'école pour suivre son sauveur, qui accepta de lui transmettre son savoir. Elle acquit rapidement les bases. Sa passion et son talent se révélaient dans le sombre art de la Nécromancie. Fort désireuse de voyager incognito et devenir enfin quelqu'un par elle même, elle abandonna son patronyme et son aura de gloire : elle se choisit le nom de Dryniel, pure invention de son esprit. Elle se ferait elle-même. Elle nomma l'ours maintenu en vie par un sortilège Brôg et en fit son second familier. La bête ni morte ni vivante la suivrait partout et semblait lui témoigner une loyauté exemplaire. Il la défendait lorsque nécessaire, et pouvait rester assis pendant des heures à ses cotés. Parfois, cette créature adoptait un comportement étrange, presque humain. Il restait tout de même une bête sauvage, mais une bête qui se décompose lentement et qui a peut-être égaré quelque part une petite partie de son animalité...
Mais, parce qu'il y a toujours un mais, un beau jour, Sintara se réveilla seule. Loin, très loin de chez elle, dans une contrée inconnue, avec pour unique compagnie Brôg et son paquetage. Plus de Maître, plus de griffon. Envolés, tous les deux. Plus non plus d'équipement, de bourse, non il ne restait que le strict minimum pour survivre et se vêtir.
Pendant des heures, la jeune femme pesta, jura et tempêta sur le traître et voleur qui l'avait bien bernée. Impossible qu'il se soit fait attaquer sans qu'elle s'en rende compte et qu'elle ait été victime non plus. Gwaith ne l'aurait pas quittée, et Brôg l'aurait défendue. Non, il n'y avait qu'une seule possibilité : son maître l'avait trompée. Il contrôlait mieux qu'elle Brôg (bien qu'il paraissait comme plus lié à elle), il l'avait donc neutralisé, il avait charmé le griffon et avait pris la poudre d'escampette sur son dos ! Pourquoi cette traîtrise ? Pour lui voler ses quelques possessions ainsi que l'animal légendaire ? Ou alors étais-ce une sorte de test ? Sintara enrageait, fulminait contre son Maître disparu. Elle le retrouverait. Coûte que coûte. Et là, soit elle aurait relevé avec brio l'épreuve et il achèverait sa formation, soit elle se vengerait.